bienvenue à tous,

Il me revient un vers de Renée Vivien ( ma poétesse favorite ),
« Quelqu’un
Dans l’avenir
Se souviendra
De nous… »
Cette strophe résume aisément le sujet d’ « histoirecenthistoires ».
L’intérêt porté, par nos contemporains, aux vedettes actuelles occulte
bien souvent le souvenir des célébrités d’autrefois.
Tranquillement, peu à peu, le temps et les hommes ont effacé leurs empreintes de nos mémoires.
Retrouver leurs traces, se souvenir d’elles, est la pensée de ce blog.
J’affectionne aller reconnaître les catacombes du passé, où dorment ces héroïnes et ces héros.
J’aime questionner les ruines des lieux où leurs cœurs battirent. Je m’émerveille de voir ces endroits abandonnés, pourtant magiques, se ranimer, au premier accent du rêve, et retrouver tout leur éclat ancien.
Je vous invite à partager avec moi, ces rêves, ces enchantements, par des textes, de la poésie, des images et des récits de voyages.
C’est à une « odyssée » que je vous convie.
Embarquons alors et voguons !
J .D.

jeudi 29 septembre 2011

Portugal 1910, la fin d'une monarchie, 1ere partie

Le 4 octobre 1910, le parti républicain portugais déclenche à Lisbonne, une insurrection.  Ce matin-là, deux mille soldats et marins entrent en révolte contre le gouvernement et la monarchie.

Pourquoi ? Pour le comprendre, il faut retourner vingt ans en arrière.

Le 11 janvier 1890, le gouvernement anglais a envoyé aux Portugais un ultimatum réclamant leur retrait des territoires actuels de Zimbabwe et de Zambie. 
Les Portugais gênent les Anglais.
Sans résister et très vite, les autorités portugaises se soumettent aux exigences britanniques. Ils abandonnent ces pays.  La population vit cette capitulation comme une humiliation.  Cette soumission du pays aux intérêts coloniaux anglais ajoutée au poids de la famille royale, à la puissance de l’Eglise et à l’instabilité politique et sociale libère une vague de mécontentement général dans le pays.  Elle n’épargne ni le roi Carlos Ier, ni le gouvernement considérés comme responsables de la décadence du pays.

La proclamation de la république du Brésil aggrave encore un peu plus la situation économique du pays.  Profitant des circonstances, le parti pour une république portugaise se lance dans de nombreuses attaques contre la monarchie.  Le 23 mars 1890, dans une atmosphère quasi insurrectionnelle, un jeune étudiant de Coïmbra, Antonio José de Almeida, publie un article incendiaire contre le roi « Le dernier des Bragance ».  Condamné pour calomnie, il deviendra le premier président de la république portugaise.

Le 31 janvier 1891, d’autres républicains se soulèvent à Porto.  Les révoltés ont pour hymne « A Portuguesa », une chanson patriotique composée en réponse à l’ultimatum anglais.  Les insurgés s’emparent du Palais du conseil.  Ils hissent au balcon un drapeau rouge et vert et proclament la république. La révolte est réprimée et la chanson « A Portuguesa » interdite.  La monarchie est sauvée, du moins provisoirement.

Le parti républicain a montré sa volonté de renverser le régime.  Politiquement, il fait de la fin de la royauté, le préalable pour une renaissance nationale.  Très tôt, ce parti abandonne son caractère social au profit des aspects démocratiques.  Par ce choix, il veut attirer à lui la petite et la moyenne bourgeoisie. Le gros des militants républicains sera composé par cette classe sociale.  La veille de la révolution, les républicains pourront s’appuyer sur plus de 167 associations différentes, sur leur propre presse, sur leurs élus et une partie de l’armée.

Les fautes de plus en plus nombreuses du gouvernement et l’usure de la famille royale continuent à alimenter la colère populaire.  

le régicide

Le 1er février 1908, dans un climat de grande tension général, le roi Carlos Ier et le prince héritier Louis-Philippe sont assassinés à Lisbonne.  Présent sur les lieux du drame, l’Infant Manuel est également blessé. 

Ce double assassinat fait de lui, le successeur de Carlos 1er.  Il règnera sous le nom de Manuel II.



Manuel II

couronnement de Manuel II


De par son jeune âge, il a dix-huit ans, et par les événements tragiques et sanglants qui l’ont porté sur le trône, le nouveau roi bénéfice au début de son règne d’un grand élan de sympathie.  Un gouvernement d’apaisement est désigné.  Mais le calme n’est que de courte durée.  La situation politique se dégrade à nouveau.  Sept gouvernements vont se succéder en deux ans.  Les idées républicaines continuent à progresser dans la population.  Aux élection du 28 août 1910, le parti républicain remporte une grande victoire.  Mais celle-ci est insuffisante pour s’emparer du pouvoir.  Alors, la décision de renverser, par la force, le gouvernement et la monarchie est prise. Le plus vite possible !  Le complot s’organise.   
Malgré l’agitation républicaine, le gouvernement ne semble pas prendre la mesure de la menace.  Tout l’été 1910, le pouvoir danse sur un volcan.  La capitale portugaise fourmille de rumeurs de coup de force et l’autorité semble rester aveugle et sourde. Aucunes mesures ne sont prises pour éviter l’explosion.

   
Elle se produit dans la nuit du 3 au 4 octobre.  Les opérations commencent à Lisbonne.  Des soldats mutinés et des civils armés s’emparent de la place Rotunda.  Dans le port, trois navires de la marine passent aux mains des insurgés.  Dans la matinée, les premiers combats s’engagent avec les forces loyalistes.




Ce mardi, 4 octobre, le roi Manuel II se trouve dans la ville.  Il demeure au palais « das Necessidades », d’où il suit les événements.  L’un des trois navires mutinés, le croiseur « Adamastor », à 12h 50, ouvre le feu sur le palais.  Une tour, la salle des glaces ainsi qu’une petite salle voisine de la chambre royale sont touchés par les obus.  Sous les bombardements, vers 14h, Manuel II tient une réunion. Il se résout à quitter la capitale devenue trop dangereuse. Il va se rendre à une trentaine de kilomètres de là, plus au nord, au palais de Mafra.  Pour sa sécurité, le lieutenant Raul de Meneses lui conseille de prendre un itinéraire détourné pour rejoindre Mafra.  Soumise aux tirs nourris des révoltés, la sortie principale du palais est inutilisable.  Le roi et sa suite sont obligés de quitter le palais par l’arrière.  Au fond du jardin et à l’aide d’une  échelle, ils escaladent le mur d’enceinte.  Le marquis de Faial, capitaine de la garde royale, le comte de Sabugosa qui possède une voiture, le lieutenant-capitaine Joao Velez Caldeira et le lieutenant-colonel Antonio Waddington, officier d’ordonnance accompagnent le roi.  Manuel II monte en voiture, un peloton de cavaliers commandé par Raul de Meneses rejoint le groupe.  A quelques kilomètres de là, arrivés à la hauteur de Pimenteira, la voiture du monarque tombe en panne.  Tout le monde descend, on essaie, sans succès, de la faire redémarrer.  Le souverain et ses compagnons devront continuer à pieds.  Ils  se sont  à peine éloignés de quelques dizaines de mètres qu’une grenade tombe à l’endroit où Manuel se tenait quelques instants auparavant.  La chance est à ses côtés.  Plus loin, on embarque dans un autre véhicule. Vers 14h35, le groupe approche de Buraca, de l’endroit où la route de Benfica prend la direction de Sintra.  On fait halte.  Le roi se sépare du peloton de cavaliers qui l’escortait.  La voiture du monarque continue seule vers Mafra.
Vers 16h, le roi arrive au palais de Mafra protégé seulement par Faial et Sabugosa.  Ils trouvent la grande entrée du palais, côté sud, cadenassée.  Personne  ne s’attendait à cette visite.  Enfin, les portes s’ouvrent et le souverain entre dans le palais.  Aussitôt, Manuel fait appeler le colonel Pinto de Rocha, commandant de l’école d’infanterie de Mafra.  Il lui demande de lui fournir des soldats.  Pinto de Rocha ne cache pas son embarras.  La situation n’est pas favorable au roi et sa venue à Mafra dérange le colonel.  Notre colonel tient à sa carrière future.  Il se révèle peu coopérant.  Pinto déclare que ce dernier bastion de défense  ne résistera pas un quart d’heure face aux forces révolutionnaires.  De plus, la garnison de l’école est fort réduite, les élèves sont en vacances.  Il vaut mieux pour le roi de chercher un autre endroit.  Malgré cela, on réussit à réunir les quelques forces disponibles qui sont encore dans la ville.  Elles sont réparties aux différents points stratégiques de la cité et du palais.  Le départ précipité de Manuel II l’a dépourvu de tout.  Les autorités et certains habitants de Mafra lui procurent l’essentiel.

A 16h10, le roi envoie le télégramme suivant aux autorités supérieures des télégraphes : « Sa majesté le roi est arrivé à Mafra. » 

Cinq minutes plus tard, arrive le bibliothécaire du palais, Ayres de Saa, surpris par la présence du roi il lui demande :

Votre Majesté ici ?  Il y a donc des événements graves à Lisbonne.

Et le roi lui confie :

- Et très graves, Ayres de Saa. Très graves…je suis venu ici sur les conseils du gouvernement.

A suivre…


le croiseur Adamastor

un marin dans les décombres du palais "des nécessités"

mardi 20 septembre 2011

Louisa Siefert, Immortalité

Louisa Pène-Siefert vit le jour à Lyon en 1845.  Mariée à trente ans, elle décède deux ans plus tard.  Souffrances, exaltations, déceptions secouent sa vie.  Pour fuir cette existence douloureuse elle se réfugie dans la poésie.  Elle débute avec un volume de vers sorti en 1868 (les rayons perdus).  Beau succès de librairie, cinq cents exemplaires vendus en moins d’un mois.  Suivent alors d’autres ouvrages où son talent s’affirme de plus en plus.  « …c’est aussi beau que les plaintes d’Antigone dans Sophocle… » (Rimbaud). 
Cœur déçu et blessé, Louise développe dans ses poèmes des sentiments très féminins en employant des expressions très masculines.  Ses vers sont précis, nets, réalistes. Un art du rythme caractérise ses chants.  
Patriote autant qu’amoureuse, elle publie en 1871, des vers civiques ( Les saintes Colères).  Parmi ses amis, on compte Hugo, Banville, Leconte de l’Isle et Sainte-Beuve.
Malheureusement, cette poétesse originale, marquée par le fatum, a laissé une oeuvre inachevée. Quelques poèmes, un roman (Méline) et un livre posthume (Souvenirs) publié par sa mère, c’est peu pour une enfant des Muses.  On l’oubliera vite.

Cette jeune femme qui mourut au printemps de la vie, fut courageuse devant la fatalité.  Malgré ses révoltes contre la maladie, les affolements et les angoisses de son inévitable fin, elle eut, dans un ouvrage,  cette grandeur de rappeler au monde les vertus des Stoïques.  Volontairement soumise à son destin, elle s’appliqua cette maxime :  « la fin suprême est de vivre selon la nature ».

« Immortalité » est extrait des « Stoïques » publié en 1870.


IMMORTALITE

Le chêne dans sa chute écrase le roseau,
Le torrent dans sa course entraîne l’herbe folle ;
Le passé prend la vie, et le vent la parole,
La mort prend tout : l’espoir, et le nid, et l’oiseau,

L’astre s’éteint, la voix expire sur les lèvres,
Quelqu’un ou quelque chose à tout instant s’en va,
Ce qui brûlait le cœur, ce que l’âme rêva,
Tout s’efface : les pleurs, les sourires, les fièvres,

Et cependant l’amour triomphe de l’oubli ;
La matière, que rien ne détruit, se transforme ;
Le gland semé d’hier devient le chêne énorme,
Un monde nouveau sort d’un monde enseveli,

Comme l’arbre, renaît le passé feuille à feuille,
Comme l’oiseau, le cœur retrouve sa chanson ;
L’âme a son rêve encore, et le champ sa moisson,
Car ce que l’homme perd, c’est Dieu qui le recueille.

(Les Stoïques) 

lundi 12 septembre 2011

Jeanne d'Arc, le procès de condamnation - suite et fin

« Tous ces grands hommes qui t’ont condamnée, ces docteurs et ces savants,
Malvenu, Jean Midi, Coupequesne et Toutmouillé,
Ils croient dur au Diable, mais ils ne veulent pas croire à Dieu,
Le Diable, c’est une réalité : les Anges, c’est une bêtise,
Le Diable que tu détestais, il t’a aidée : les Anges que tu invoquais, ils n’ont rien fait,
Et criminelle des deux côtés ils te condamnent de l’une et l’autre main.
Telle est la sagesse de la Sorbonne.
Tels sont ces illustres docteurs qui donnent des nazardes au Pape. »

Jeanne d’Arc au bûcher scène VI – Paul Claudel

Comme convenu, le roi de France et d’Angleterre, Henri VI (il a neuf ans) prête Jeanne à l’autorité ecclésiastique.  L’inculpée sera amenée à cette autorité autant de fois qu’il lui semblera bon, toutefois l’intention des Anglais est de la récupérer s’il arrivait qu’elle ne fut pas jugée coupable des accusations portées contre elle ( lettre de Bedford du 3 janvier 1431).
Méfiant, Bedford redoute un coup tordu des hommes d’Eglises.  Les théologiens de Paris, il peut compter sur eux.  Cauchon est son homme, bien qu’il se montre moins ardent qu’il ne le souhaiterait.  Les ecclésiastiques de Rouen, aucun soucis.  C’est du côté de Rome que l’Anglais éprouve quelques craintes.  Pourquoi diable avoir mêlé l’inquisition à ce procès ?  Parce qu’il le fallait bien.  Parce que ce procès eût été sans valeur.  La mise en jugement d’un hérétique relève toujours de l’inquisition.  Les Anglais craignent une intervention auprès de Rome, de leur ennemi Charles VII.  Car c’est de lui, dont il s’agit.  Faire condamner Jeanne par l’Eglise, c’est condamner Charles en même temps.  Détruire ce damné avantage du sacre de Reims.  Une fois sa sorcière brûlée, Charles aura moins fière allure.  Etre sacré roi grâce à l’aide d’une jeteuse de sorts, c’est très fâcheux.  Forcément, pour éviter cela, il va agir.  Charles va peser sur Rome.  Les Anglais en sont persuadés.  D’où la précaution de Bedford : si jamais, l’Eglise se dérobe et ne juge pas comme les Anglais le veulent, ils reprendront Jeanne.  Craintes anglaises superflues.  Rome, bien que tenu au courant, n’interviendra pas dans le procès et Charles ne se préoccupe plus de la malheureuse prisonnière.

                            

Je veux « un beau procès » a déclaré Cauchon.  Tout doit être conduit avec la plus parfaite rigueur et dans le respect de toutes les règles d’un vrai tribunal d’inquisition.  Procès qui ne doit avoir d’autre soucis que la manifestation de la vérité.  Une justice inattaquable en somme.
Deux menus ennuis cependant, deux toute petites entorses à la loi.  Tout accusé qui se retrouve devant un tribunal d’Eglise doit être détenu dans une prison ecclésiastique.  Or Jeanne se trouve dans une geôle anglaise sous la surveillance de soudards et non de religieux, première entorse.  La seconde, ce procès d’Eglise, qui en assume les frais ? Qui paie les assesseurs, les délégués parisiens ?  L’Eglise ?  Non, les Anglais, encore.
Tout est près.  Les juges proprement dits sont deux : Cauchon, qui n’est pas le pire et Jean Lemaître, vicaire de l’inquisition à Rouen, l’œil de Rome.  Celui-là on ne l’entendra guère.  Il est en service commandé : il assiste et couvre, mais voudrait être ailleurs.  Le 20 février, il avouera à Cauchon que le scrupule de sa conscience l’induit à ne pas désirer se mettre en la matière.  Et puis, il y a les autres « les joyeux », les six représentants de l’Université de Paris.  Deux vedettes parmi eux : Thomas de Courcelles, étoile montante de l’Université et Jean Beaupère, champion du cumul des bénéfices.  Claudel parlera de ces clercs, acharnés sur la jeune captive « l’écume aux crocs » mordant à pleine gueule « dans cette chair innocente, avec un appétit de cannibales ». 

« Les juges de Jeanne seront donc surtout des membres de l’Université de Paris… »  ( Régine Pernoud)

A côté du muet Jean Lemaître, Cauchon discoureur, préside cette cohorte d’exécuteurs.

Le 9 janvier 1431, le procès commence.  Pour l’enquête, ils ont envoyé des moines qui sont allés à Domremy.  Les premiers moines qui y étaient allés étaient revenus en disant qu’elle était parfaite et le curé de ce village se portant garant d’elle.  Maintenant on fait dire ce que l’on veut à ces moines.  Ces moines vont raconter ce que l’on leur a dit de raconter.
 « oh, vous savez, nous sommes allés là-bas et nous avons de très mauvais renseignements sur elle, elle n’écoutait pas ses parents, elle a été élevée par des espèces de sorcières et surtout il y a eu cette histoire déplorable, vous savez, elle est allée dans un bordel, quand elle était avec ses parents à Neufchâteau et ce n’est pas sûr du tout qu’elle y était avec ses parents et cette maison de la Rousse était extrêmement suspecte.  De reste, elle a rompu ses fiançailles, c’est pas elle qui a rompu, mais son fiancé qui a dit : cette fille s’est déshonorée… »  Voilà ce que rapportent les moines qui sont allés à Domremy.

Jeanne ne peut croire qu’elle est exposée au plus grand péril.  S’il s’agissait d’un tribunal anglais, elle n’aurait pas d’illusions.  Les Anglais le lui ont dit eux-mêmes : ils veulent la brûler.  Mais ceux qui la jugent sont des prêtres, membres de cette Eglise qu’elle vénère.  Ils parlent sa langue.  Il lui paraît inconcevable qu’ils en veuillent à sa vie. 

La Pucelle est là, en habit de page, assise sur un tabouret, au centre du demi-cercle formé par ces hommes d’Eglise.  Lesquels sont, selon les jours, vingt, souvent quarante, pour les grandes séances leur nombre ira jusqu’à soixante.

Malgré sa solitude et la pression exercée sur elle, Jeanne se sent forte, sûre d’elle-même, le ciel lui a parlé.  Elle n’hésite pas à menacer tous ces théologiens.  Ils, se mettent dans un bien mauvais cas.  Qu’ils prennent garde !  Insolente, la jeune fille sourit, nargue, ironise.  Bientôt, vont entrer dans l’Histoire tous ses mots célèbres, que l’on connaît trop bien :

Au greffier qui a mal noté : « la prochaine fois, je vous tirerai les oreilles »
Sur l’état de grâce : « si j’y suis, Dieu veuille m’y garder ; si je n’y suis, Dieu veuille m’y mettre »
A Beaupère qui l’interroge : « toutes les lumières ne viennent pas de vous, Monseigneur »  etc…
 
Jeanne, que l’on veut, à tout prix, perdre et à qui l’on tend piège sur piège,
« élude, rompt, bat les buissons…biaise, ruse, détourne les questions, comprend de travers, répond à côté… » (Rudler)

Tout cela et bel et bien, mais le procès traîne et l’Université s’impatiente.  La Pucelle  a accumulé assez de diableries et de perversions.  L’Eglise se doit d’agir et de punir.  Le 14 mai, l’Université adresse au roi d’Angleterre cette adjuration :

« Nous supplions humblement à Votre Hautesse que cette matière soit menée à fin très diligemment et au plus tôt, car les retards sont très périlleux et une grande réparation est nécessaire… » Amen.

A présent, les événements vont se précipiter.

Jeanne qui croyait se défendre sur son action politique se rend maintenant compte de ce que veut le tribunal.  Les reproches, les accusations dont on l’accable depuis le début, n’ont qu’un objet : prouver qu’elle est contre Dieu. Ces religieux s’attachent à lui démontrer qu’elle est une mauvaise chrétienne, qu’elle trahit le Ciel, qu’elle est une hérétique. 

Qu’on puisse la prendre pour une ennemie de la Foi, pour une adversaire du Seigneur dont elle porte l’image sur son étendard, elle n’en revient pas.
Jeanne comprend, à cet instant, le sens de toutes les questions qu’on lui a posées. Il ne s’agissait que de prouver qu’elle n’était pas catholique.  Pas autre chose. Elle est « un membre pourri » qui risque d’infecter la société et qu’il faut jeter au plus tôt.  La voilà, l’idée du tribunal

Or, Jeanne sait qu’elle est bonne chrétienne.  Elle a toujours aimé prier, aimé se confesser.  Où qu’elle fût, elle allait souvent à la messe.  Depuis qu’elle est en prison, elle demande d’aller entendre l’Office Divin – refus absolu ! Sur le chemin du tribunal, elle passe devant une chapelle, elle supplie de la laisser entrer un instant pour s’agenouiller devant le crucifix - Refus encore !  C’est donc ça ! Ces hommes de Dieu  la rejettent. 

Alors, elle crie : « Si j’ai fait, sans le savoir, quelque chose contre la Foi, dites-le-moi et j’en demanderai pardon »

Tout ce qu’enseignent les prêtres, elle y croit.  Leur Credo est son Credo.  Elle le récite chaque jour avec le Pater et l’Ave.  Ses apparitions ?  Elles lui disent d’être une bonne chrétienne docile. Elle est soumise aux commandements de la sainte Eglise catholique et romaine.

Docile, soumise ?  Pas pour ses juges.  Depuis le début du procès, son comportement, leur donne les preuves (qu’ils attendent) de son indiscipline.  Elle se met d’elle-même par son attitude hors de l’église.  Ils ne font que constater, avec douleur (les hypocrites), qu’elle est rebelle, car elle n’écoute pas la voix de l’Eglise.  Et qu’est-ce que l’église lui demande ?  Elle l’exhorte de renier ses voix. Ce que Jeanne refuse.

Cauchon lui a dit : « Nous sommes le tribunal d’inquisition, nous représentons l’Eglise, laquelle ne peut ni errer ni faillir.  Jeanne tu dis que tu as des rapports surnaturels avec des personnes que tu appelles Sainte-Marguerite, Sainte-Catherine et Saint-Michel.  Non ! non !  Nous savons à qui tu as eu affaire, avec qui tu as parlé.  Tu as parlé avec des démons et on les connaît.  L’un s’appelle Belial, l’autre s’appelle Labon et le troisième s’appelle Behemot.  Alors écoute bien Jeanne, tu vas répéter, tu vas dire après nous : J’ai parlé avec des démons, j’ai parlé avec Bélial, avec labon, et avec Behemot.  Et si tu refuses de répondre, ça prouve que tu n’es pas catholique.  Parce que, qu’est-ce que c’est d’être catholique, c’est quelqu’un qui reconnaît l’autorité de l’Eglise, qui se soumet à elle.  Et c’est l’Eglise en notre personne qui t’oblige de dire ces mots-là. » .

Jeanne répond : « je ne peux pas faire ça, je ne peux pas puisque je sais très bien que ce sont des Anges qui m’ont parlé et qui m’ont dit : sois une bonne petite fille, sois bien chaste, sois bien pure, sois bien respectueuse, ce n’est pas ce que m’auraient dit les démons »

« Jeanne tais-toi ! si tu ne répètes pas après nous : - J’ai parlé avec des démons, tu es hors de l’Eglise ».

Jeanne est absolument affolée, elle a compris le danger.  Et elle crie : « J’en appelle au Pape ».  Les théologiens sourient.

Le  Pape, c’est ce martin V qui n’était même pas prêtre ( 48 heures y ont suffi) lorsqu’il a été élu Pape et qui est sur un Saint-Siège glissant.  Il a tout le temps peur de se faire congédier. Il n’oublie pas tout ce qu’il doit aux théologiens de Paris pour son élection.  Par ailleurs, il décédera pendant le procès de Jeanne.  Son successeur Eugène IV sera parfaitement balancé en 1439 par un nouveau concile de Bâle et de toute manière, le pape ne se compromet jamais.  De plus, Martin V tient Cauchon en grande estime.  Il lui a déclaré par écrit :

« En raison de tes fidèles services et de tes autres vertus, tu Nous trouveras toujours favorable, à ton égard, et plein de bénignité. »

C’est Cauchon qui prend la parole : « Mais, dit-il, je suis l’évêque, je suis le représentant du Pape, quand tu parles à moi, Jeanne, tu parles au Pape.  Alors, tu vas dire cela».

Jeanne est tellement bouleversée, elle a tellement peur d’être brûlée qu’elle va céder.

Le 24 mai 1431, au cimetière Saint-Ouen, on a organisé une mise en scène pour lui faire peur, très peur.  Il y a un bûcher et le bourreau qui attend.

On dit à Jeanne : « Choisis : ou bien tu vas être brûlée ou bien tu vas dire que tu as parlé avec des démons ».

Et Jeanne dit : «  Oui j’ai parlé avec des démons »

Après de longs mois d’une captivité sévère, de longs interrogatoires, abandonnée de tous, la malheureuse s’est effondrée. Ils l’ont eue à l’épouvante.

 

Soumission parfaite, oui, mais « Dieu premier servi » ajoute-t-elle.

Elle a sauvé sa tête.  Cauchon a gagné.  L’objectif est atteint : Charles VII est déshonoré.  Mais, les Anglais sont furieux. Ils voulaient plus.  Le peuple de Rouen aussi.  Des pierres volent en direction des religieux.  La foule est en colère, on lui avait promis une belle fête.  Mais le spectacle est annulé.  Elle avait pourtant, payé sa place, fort chère : 10.000 livres pour l’achat de celle qu’elle était venue voir se faire flamber.  De la foule, Victor Hugo dira : « est-ce qu’elle n’a pas ri sur le passage de Jésus, devant le bûcher de Savonarole et de Bruno et de Jean Huss et de Jeanne d’Arc ?  Est-ce qu’elle n’a pas craché sur la face fracassée de Robespierre ? »

Le surlendemain, le 27 mai, Jeanne demande à l’évêque Cauchon de venir la voir en Prison.  Elle a remis ses habits d’hommes, parce qu’on lui avait dit s’habiller en homme, c’est un scandale.  Deteronum XII dit que quiconque s’habille en homme est voué aux flammes de l’enfer.  Ce n’était pas ce qu’on lui avait dit à Vaucouleurs : «  c’est très bien, ça te protège »  Alors Cauchon la voit habillée en homme, c’est une provocation. Jeanne lui déclare : « Monseigneur hier, j’ai dit, j’ai cédé parce que j’ai voulu sauver mon corps, mais en sauvant mon corps, je perdais mon âme, et je renie ce que j’ai fait et je dis que j’ai parlé avec Dieu, avec les envoyés de Dieu. »

- Donc, on va te brûler -

 Alors on la brûlera.




Jeanne est désespérée, elle sait que le roi l’a abandonnée.  Pendant le procès, elle a fait deux fois des allusions au livre de Poitiers.  Elle disait devant ces ecclésiastiques de Rouen : « mais on m’a déjà interrogée, il y avait un représentant de l’inquisition. Demandez le livre de Poitiers.  Demandez le compte-rendu de mes interrogations, vous verrez bien que je suis une bonne chrétienne. »

Ils ont fermé les yeux, ils se sont bouchés les oreilles.  Des ecclésiastiques qui l’avaient défendue à Poitiers : personne.  Elle est même abandonnée par Dieu, parce qu’il y avait ses voix et celles-ci se sont tues.  Ses voix qui apparaissaient de temps en temps, dit-elle, pour lui dire : « Jeanne réjouis-toi le seigneur est avec toi jusqu’au bout ».  Cela voulait dire qu’il sera avec elle quand on la brûlera.
On la brûle, comme on sait,  le 30 mai 1431.
Elle avait dix-neuf ans.

















mercredi 7 septembre 2011

Jeanne d'Arc, le procès de condamnation - 1ere partie

« Jeanne.
Quelles sont ces cloches dans la nuit ?
Frère Dominique.
Les cloches qui sonnent le glas »

Jeanne au bûcher, scène VII – Paul Claudel

Prise de Jeanne d'Arc

Le 25 mai 1430, la nouvelle de la capture de Jeanne d’Arc à Compiègne, parvient à Paris.

L’Université de Paris, « la bouche ouverte pour dire la vérité » (Bossuet),  entend maintenant régler son compte à l’apostate.  Quelques temps auparavant, elle avait déjà dénoncé Jeanne à Rome.

L’Université de Paris, temple et conscience de la catholicité, est une pépinière de théologiens et de savants docteurs.  Depuis 1418, elle est anglaise et romaine à la fois.  Elle jouit de nombreux bénéfices, distribués pour une partie par les Anglais et de l’autre par Rome. Très puissante, elle apporte sa voix dans l’élection des Papes.

A peine Jeanne est-elle aux mains des Bourguignons, qu’autoritairement les théologiens de Paris la réclament pour lui faire un procès.
 
« icelle femme qui se dit la Pucelle, au moyen de laquelle l’honneur de Dieu a été sans mesure offensé, la foi excessivement blessée, et l’Eglise fort déshonorée. »

C’est décidé d’avance, Jeanne sera brûlée comme  hérétique et séditieuse ( ce terme apparaîtra parmi les chefs d’accusation). 

Quant aux Anglais, ils vont mettre un peu de temps pour comprendre le service que Paris ne demande qu’à leur fournir.  Ils s’obstinent à vouloir Jeanne pour eux seuls. Aussi, la réclament-ils, à leur tour, aux Bourguignons.

Par conséquent, Il faut trouver un arrangement.  L’évêque Cauchon, à la fois homme d’Eglise et politicien considérable (les Anglais l’ont associé à leur conseil royal) va trouver la solution.
Que les Anglais prennent donc la « sorcière », puisqu’ils attachent tant de prix à la détenir, mais qu’il soit bien clair que si Jeanne est envoyée au jeune roi d’Angleterre, Henri VI, c’est pour qu’elle soit aussitôt mise à la disposition de l’Eglise.  Jeanne sera alors jugée pour ses multiples  crimes, sortilèges, idolâtrie, invocations diaboliques, et plusieurs autres cas encore touchant la foi.  

Bedford

Mais il faut de l’argent pour acheter Jeanne, beaucoup d’argent.  A 10 .000 livres s’élève la valeur marchande de la Pucelle.  Bedford promet cette somme au propriétaire de la captive, Jean de Luxembourg.  Mais, les Anglais décident de ne pas payer eux-mêmes ce montant. Ce sont les gens de la Normandie qui payeront.  Evidemment, la collecte prend un peu de temps, ce qui exaspère l’Université, pressée d’en finir.  En novembre, elle attend toujours sa proie.  Finalement, vers le 20, la somme est versée et les Anglais se saisissent de Jeanne. 

Le 21, l’Université expédie deux lettres, l’une au roi d’Angleterre, l’autre à Cauchon.  Elle rappelle au souverain que par plusieurs fois, elle a eu l’honneur de lui réclamer, vainement hélas, la personne en cause, et déplore « ce long retard de justice qui doit déplaire à tout bon chrétien », par bonheur, disent les théologiens, « nous avons nouvellement entendu qu’en votre puissance est rendue à présent cette femme dite la Pucelle, ce dont nous sommes fort joyeux », et nous voici, « confiants que, par votre bonne ordonnance », il va devenir enfin possible de « réparer les maléfices et scandales advenus » par sa faute « au grand préjudice de l’honneur divin » que donc Jeanne soit « amenée » sans délai « en la cité de Paris » pour y être juger

L’autre lettre est adressée à Cauchon lui-même.  Le ton en est tout différent.  On est très mécontent de lui.  « nous voyons avec étonnement le grand retard apporté à l’envoi de cette femme…si votre Paternité avait prêté une diligence plus active.. »
à la poursuite de l’affaire, déjà la malfaisante et démoniaque Pucelle aurait expié ses crimes.  Conduite indigne d’un serviteur et fils de l’Eglise.  Il faut dire que l’Université n’aime pas beaucoup Cauchon et elle saute sur l’occasion pour lui infliger un blâme. Mais Cauchon n’était pas responsable de l’entêtement de Bedford qui ne voulait pas régler la facture de Jeanne tant que les contribuables normands n’avaient pas versé l’entièreté de la somme exigée par son possesseur.

Philippe le Bon
C’est convenu, maintenant, il y aura bien procès d’Eglise contre Jeanne.  Mais pas à Paris, Bedford veut que ce procès ait lieu à Rouen et pas ailleurs.  Il ne met pas en doute la bonne volonté des théologiens de service.  Mais Paris n’est pas une ville assez sûre.  Bedford commence à se méfier de ce Philippe de Bourgogne, dont la conduite, ces derniers temps, l’inquiète.  Le duc n’a pas pris Compiègne et s’est retiré avec ses troupes. Drôle de manière de faire la guerre à celui qui se fait appeler Charles VII.  L’année précédente, le Bourguignon avait déjà fait un coup pareil à Orléans en abandonnant, à leur sort, ses alliés Anglais.  Donc, Paris à éviter.  Rouen, véritable capitale anglaise où réside la Cour, convient parfaitement pour ce procès.  Mais que l’Université de Paris se rassure, elle ne sera pas écartée du procès qu’elle a tant voulu et tant attendu.  Elle y enverra toute une délégation et on ne décidera rien sans elle et l’on se rangera  à son avis après l’avoir consultée.  Voilà les théologiens rassurés.

Le transfert de Jeanne commence fin novembre, par étapes.  C’est à Arras, que les Anglais prennent livraison d’elle.  On fait un grand détour, pour éviter tout coup de main éventuel des Armagnacs.  On n’est jamais trop prudent avec ces « Frenchies ». 






Mais le roi de France, Charles VII a déjà abandonné Jeanne à son sort.  Elle n’a plus rien à espérer de ce côté-là. 



La petite troupe passe par le Crotoy, Saint-Valéry, Eu, Dieppe, et le 23 décembre 1430, dans l’après-midi, elle parvient à Rouen. On incarcère Jeanne dans une tour du château.    A présent, le procès de condamnation va pouvoir s’ouvrir.

(à suivre)


Rouen


jeudi 1 septembre 2011

Qui a brûlé Jeanne d'Arc?

Un des choses essentielles trop peu dites, concernant Jeanne, c’est le caractère tout à fait officiel, et « régulier » de son procès. 

C’est un dogme que le procès de Jeanne, ce sont les Anglais, aidés de l’évêque Cauchon, un collabo, qui en sont responsables.  Or, cela n’est pas totalement vrai.

Cauchon avait tenu à ce que le procès de Jeanne fût, selon sa formule même, un beau procès, canoniquement inattaquable.  Ce n’est pas Cauchon, du reste, ni, encore moins, les Anglais, qui avaient conçu l’entreprise, mais bien l’Université de Paris, les théologiens de Paris.  Qui avait amorcé l’opération ?  Qui avait signé la première lettre réclamant Jeanne au Duc de Bourgogne, dont elle était la prisonnière, pour la juger et la condamner comme hérétique ?  Cauchon ?  Les Anglais ?  Pas du tout.  Mais un certain Martin Billorin, inquisiteur en sous-chef, au nom de l’inquisiteur en chef du royaume de France pour la recherche et la destruction de la perversité hérétique, Jean Graverent, absent alors de Paris.

Cauchon
Agissant comme il le fait, et exigeant que Jeanne lui soit livrée, Martin Billorin usa de « l’autorité à nous commise par le Saint-Siège de Rome ».  En conséquence, l’inquisition délégua  à Rouen un représentant qualifié, et il n’est que de lire la sentence finale, prononcée conjointement par Cauchon et ce délégué de l’inquisition, pour constater que le procès de Jeanne fut bien un procès d’Eglise, engageant l’Eglise, engageant Rome, puisque l’inquisiteur tient ses pouvoirs de l’autorité apostolique.

Bernanos, dans son texte de 1929 « Jeanne relapse et sainte » reconnaît et souligne largement ce fait.

Cauchon aurait-il été désavoué, à l’époque, par le Saint-Siège ?  C’était Eugène IV qui occupait le trône de Saint-Pierre lorsque Jeanne fut brûlée vive.  Lorsque, qu’après le procès ce pape transféra Cauchon, au siège épiscopal de Lisieux, il tint à lui rendre
«  un paternel hommage au bon renom de ce prélat, louant par ailleurs les doctrines sacrées des maîtres de l’Université de Paris et leur zèle à conserver la pureté de la lumière qui brille dans la maison du seigneur » (Bernanos)

Dans son ouvrage publié en 1970 « De l’Eglise du Christ », Maritain a examiné de près les procédés canoniques de l’inquisition : «  les tribunaux de l’inquisition, écrit-il, prenaient soin de noter d’abord que l’Eglise s’interdit de verser le sang.  En conséquence de quoi, ils abandonnaient le coupable au bras séculier qui, lui, ne s’interdisait pas de verser le sang.  Ainsi le tour était joué. »…. « …l’abandon au bras séculier était, de soi, une hypocrisie.  Car c’étaient les théologiens qui étaient les juges, conduisaient l’enquête et portaient la sentence.  C’est donc eux qui avaient la pleine responsabilité de la peine de mort entraînée par la sentence, le bras séculier n’étant, en réalité, qu’un instrument.  On ne manquait pas, du reste, de prier celui-ci, en pieuse formule, d’épargner la mort au coupable.  Mais si, par extraordinaire, il arrivait toutefois qu’un prince prît au sérieux la pieuse formule, il se trouvait lui-même excommunié »


(à suivre : le procès de condamnation de Jeanne )



Rouen