Philippe II. |
Charles-Quint avant d’abdiquer, avait engagé avec
Henri II. |
Le 25 mars, l’amiral de Coligny, représentant Henri II, roi de France, arriva à Bruxelles. Conformément à l’accord, il venait recevoir le serment des souverains espagnols. Philippe II accueillit les Français dans la grande salle de l’ancien palais des ducs de Bourgogne. De riches tapisseries flamandes décoraient les murs. Elles attirèrent le regard irrité de Coligny et de ses compagnons. Ces grandes tapisseries représentaient la victoire espagnole de Pavie, la capture de François 1er, son embarquement pour la péninsule et sa captivité à Madrid. Oubli? Provocation? Philippe avait commis là, une inconvenance. Une grave erreur, qui avait blessé l’ambassade française. Malgré l’offense, les envoyés d’Henri II se continrent. Brusquet, le fou du roi de France, avait suivi Coligny à cette réception. Le drôle sans dire un mot, n’y prendre de conseil, réfléchit à la manière de venger l’affront. Les Espagnols étaient connus pour leur avarice. Tourner ce défaut en dérision et montrer aux Espagnols la générosité française, voilà un bon tour pour ce manque de courtoisie.
La grande salle du palais. |
Le lendemain, une messe fut célébrée dans la chapelle du palais. Le roi, la cour, Coligny, l’ambassadeur de France et tous les grands seigneurs y assistaient. La messe dite, Philippe II s’approcha de l’autel. Solennellement, il ratifia, sur les Evangiles, la trêve. A l’instant, Brusquet et son valet, mêlés à la foule, munis chacun d’un sac d’écus d’or, crièrent « largesse, largesse ». Le roi se tourna vers l’Amiral, étonné que les Français eussent l’audace de faire largesse chez lui. Aussi surpris que le roi, Coligny ne dit rien. Pendant ce temps, nos deux compères, avec allégresse, parsemaient le sol de leurs écus. Croyant à une libéralité du prince, la foule, fort nombreuse, se jeta avec vigueur sur les écus éparpillés. A leur tour, Les archers de la garde, abandonnant leur poste, se précipitèrent sur les pièces d’or. Ils mirent tant d’ardeur qu’ils renversèrent hommes et femmes. Pour la possession d’une pièce, les gardes pointaient leur hallebarde les uns sur les autres. On criait, on se bousculait, on s’écrasait. Dans cette « kermesse », les cheveux ébouriffés, les vêtements déchirés, les ecchymoses ne se comptaient plus. A l’écart, joyeux, Brusquet observait ce ballet comique dont il était le chorégraphe. Le désordre fut tel que le roi, craignant un attentat, se réfugia derrière l’autel. Les reines douairières de Hongrie et de France n’échappèrent pas à la grande bousculade.
On reconnut bientôt que ces écus sonnaient faux. Et que le bouffon du roi de France avait voulu venger l’offense des tapisseries. Philippe les fit enlever et pardonna à Brusquet le tumulte
Epilogue.
Le dimanche de Pâques, l’Amiral de Coligny et son entourage rendirent visite à Charles Quint. C’était une belle et dernière occasion de voir le grand empereur. L’ancien monarque voulut voir Brusquet. Il lui fit compliment pour sa «largesse». Brusquet le fit rire. Charles-Quint applaudit. Ainsi finit, dans la bonne humeur, la farce vengeresse du bouffon d’Henri II.
J.D.
Charles-Quint. |
N.B : les tapisseries de cette histoire se trouvent au musée de Naples. Au musée du Louvre, on peut voir certains dessins de celles-ci.
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