bienvenue à tous,

Il me revient un vers de Renée Vivien ( ma poétesse favorite ),
« Quelqu’un
Dans l’avenir
Se souviendra
De nous… »
Cette strophe résume aisément le sujet d’ « histoirecenthistoires ».
L’intérêt porté, par nos contemporains, aux vedettes actuelles occulte
bien souvent le souvenir des célébrités d’autrefois.
Tranquillement, peu à peu, le temps et les hommes ont effacé leurs empreintes de nos mémoires.
Retrouver leurs traces, se souvenir d’elles, est la pensée de ce blog.
J’affectionne aller reconnaître les catacombes du passé, où dorment ces héroïnes et ces héros.
J’aime questionner les ruines des lieux où leurs cœurs battirent. Je m’émerveille de voir ces endroits abandonnés, pourtant magiques, se ranimer, au premier accent du rêve, et retrouver tout leur éclat ancien.
Je vous invite à partager avec moi, ces rêves, ces enchantements, par des textes, de la poésie, des images et des récits de voyages.
C’est à une « odyssée » que je vous convie.
Embarquons alors et voguons !
J .D.

jeudi 14 avril 2011

Les fêtes johanniques à Orléans

Le 8 mai prochain, comme chaque année, la ville d’Orléans célèbrera les fêtes johanniques.  Cette grande manifestation populaire prend son origine au XVe siècle.

A cette époque, la France se coupait en deux.
Pour une question de succession, les rois anglais disputaient aux rois français, la couronne de France.  Cette querelle se réglait les armes à la main depuis 1337.
Et voilà qu’en 1420 à Troyes, tout ce monde se réconcilie. Le roi de France Charles VI donne sa fille en mariage au  roi d’Angleterre Henri V.  Les deux souverains conviennent que le premier fils du couple sera à la fois roi d’Angleterre et roi de France.  On ne se fait plus la guerre.  Tout le monde est content.

Tout le monde ?  Quelqu’un a été oublié dans cet arrangement.  Déshérité par ce mariage, Charles, le fils de Charles VI, n’est pas content.  Il va le faire savoir.
A la mort de son père, il se proclame roi de France.  La guerre recommence. 

Les Anglais aidés par les Bourguignons descendent dans la vallée de la Loire. Ils veulent déloger Charles qui s’est réfugié à Chinon.
            Pour y arriver, les Anglais doivent s’emparer d’Orléans, fidèle à Charles.   
Les Anglais mettent le siège devant cette ville en octobre 1428.  En Avril 1429, ils en sont au même point.  La ville tient bon.

Fin avril, Charles envoie un convoi de ravitaillement aux assiégés.
C’est un énorme convoi.  On leur expédie du blé, des armes.  On leur envoie quantité  de veaux, de porcs, de vaches, six cents têtes au total.  Et au milieu de tout cela, chevauche une jeune fille de seize ans, avec un petit nombre de soldats.
 
Cette jeune fille, que le roi envoie à Orléans, a une réputation de sainte.  Elle arrive d’un village du nom de Domrémy.  Elle s’appelle Jeanne.  Elle veut se battre.  Dieu l’envoie chasser les Anglais de France.  Mais le roi Charles ne veut pas d’histoires militaires.  Il a déjà essuyé quelques défaites. Ça lui suffit. Pas d’offensives a dit Charles à ses capitaines.  Jeanne sera présentée comme une envoyée de Dieu.  Elle regonflera le moral des habitants.  Voilà tout !

            Jeanne, à qui on avait fait faire une armure, croit qu’elle va se battre.  Mais en réalité elle est un élément nouveau dans la politique de Charles.  On envoie aux Orléanais du matériel, du ravitaillement, et du moral. Le moral, c’est elle, l’espèce de petite sainte.

Si bien que lorsque Jeanne arrive dans la ville, elle ne décolère pas pendant des jours.  Les chefs militaires lui disent : « Ecoutez Jeanne, vous êtes bien gentille, mais laissez faire les militaires », « mais je suis là pour me battre » et les capitaines, qui ont des ordres du roi lui répondent «  non Jeanne, on ne se bat pas  ».
            Jeanne est vraiment furieuse.  « Vous ne voulez  pas vous battre, eh bien, vous vous battrez quand même ! »
            Et voilà ce qu’elle va faire :
Le roi lui avait donné une petite maison militaire.  Il lui avait donné un intendant, des petits hérauts d’armes, un caissier, et même un chapelain.
Alors dans la nuit du 5 au 6 mai, Jeanne dit à l’un de ses petits hérauts : « Demain matin, au lever du soleil, tu viendras me réveiller.  Tu m’aideras à mettre mon armure.  Après, tu m’apporteras mon cheval. Alors, je sortirai de la ville et j’entraînerai derrière moi tous ces gens qui m’ont acclamé. Avec cette foule qui me fait confiance, j’attaquerai les Anglais.

Mais la ville était bien fermée. Au petit matin, Jeanne a bien réuni tous ces gens.  Des tas de gens, des civils sont venus autour d’elle avec ce qui pouvait comme armes.  Alors Jeanne se dirige vers la porte.  La porte est fermée. Jeanne dit « ouvrez ! », « on ne peut pas, répondent les sentinelles, c’est monsieur de Gaucourt qui a les clefs ».
Raoul de Gaucourt, gouverneur militaire de la ville, entend ce tumulte qui était énorme.  Il vient sur place. Il voit Jeanne et lui dit : « vous ne pouvez pas passer ».  Plus tard, Gaucourt dira « elle m’a appelé mauvais homme ».  Il a peur.  Il dira encore « j’ai eu peur de me faire écharper, elle avait les yeux hors de la tête.  Elle aurait lancé ces gens contre moi ».
            On ouvre les portes.  Jeanne se précipite suivie de ces manants.  Avec ces braves types en civil, elle va attaquer les Anglais.

            Les capitaines ont tout de même peur.  Ils se disent qu’ils ne peuvent pas la laisser se faire massacrer comme ça.  Ils auraient des histoires avec le roi.  Alors, ils vont faire sortir leurs soldats.  Les capitaines vont, de force, devoir aller aider Jeanne.
            Et elle réussit, les Anglais évacuent, sans combattre, une première bastille, celle de Saint-Jean le Blanc.  Ils se réfugient dans une autre bastille, celle des  Augustins, que Jeanne enlève.  Elle va attaquer une troisième bastille, qui était un énorme fort, appelé « les tourelles », qui se trouvait devant le pont d’Orléans.

            Et à ce moment là, les capitaines ne peuvent plus l’abandonner.  Ils ont engagé leurs combattants.  Jeanne va être blessée devant les tourelles.  Elle se bat comme une vraie petite lionne.  Elle grimpe le long des murs. Elle crie.  Elle encourage.  Elle se montre partout où il y a du danger.
            Comment voulez-vous, que les mâles ne fassent pas, ce que fait cette petite femelle.  Elle est blessée, elle reçoit une flèche qui lui entaille l’épaule.  Les capitaines se disent malheureusement, ou plutôt heureusement, elle est hors de combat.  On va pouvoir s’arrêter.
            Pas du tout ! de l’huile et du lard frais sur sa blessure et elle recommence à se battre.  Et on enlève les tourelles aux Anglais.  Les capitaines sont stupéfaits.

Le lendemain, c’est le dimanche 8 mai.  Les Anglais, ou ce qu’il en reste, se forment en bataille. Tout le monde est sur les remparts.  On entend les Anglais faire des commandements que personne ne comprend.  Vont-ils attaquer ?  Pas du tout ! Ils s’en vont !
Il n’a fallut que quarante-huit heures, du 6 au 8 mai, pour que les Anglais se considèrent comme battus.  Cela faisait sept ou huit mois qu’ils faisaient le siège d’Orléans et ce dimanche 8 mai, ils s’en vont.
Tout de même extraordinaire la petite Jeanne !
  
La ville est délivrée.  Jeanne demande alors, que l’on organise une grande procession.  Elle y participe avec les capitaines, les échevins et tout le peuple d’Orléans.


Depuis presque six siècles, les 7 et 8 mai, Orléans perpétue fidèlement le souvenir de cette procession, demandée par Jeanne.  Ce sont les fêtes johanniques.

 
Le 29 avril, dans la soirée, un défilé, partant de la porte de Bourgogne, évoque l’entrée de Jeanne dans la ville.

 
Le 7 mai, à midi, les cloches sonnent à toute volée et une fanfare du haut du vieux beffroi se met à jouer.  Le maire présente alors à la population, l’étendard de Jeanne.  Le soir se déroule la « remise de l’étendard de Jeanne » par le maire à l’évêque sur le parvis de la cathédrale embrasée. 
Le 8 mai, après une messe d’action de grâces, un imposant cortège, composé des corps constitués, en grande tenue, des autorités religieuses, de l’armée, de diverses associations et communautés, se rend sur l’emplacement du fort des tourelles où Jeanne remporta la victoire.  De nombreuses manifestations populaires accompagnent ces cérémonies officielles. Le tout se termine par un grand d’artifice sur les bords de la Loire.  C’est la fête à Orléans !










Orléans n’a jamais oublié cette enfant de seize ans, venue des bords de Meuse, pour la libérer.  Par les fêtes johanniques, cette cité lui rend hommage et lui témoigne sa gratitude depuis 1429.
J.D.
  

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